Une défaite méritée, une victoire nécessaire et un nul prometteur.
Chronique du dernier tournoi du championnat de Bretagne de la saison signée François. Un tournoi sur les terres de l’Entente Gaélique de Haute-Bretagne qui jouait à Sens de Bretagne l’an dernier, s’entraîne désormais à Thorigné-Fouillard et reçoit maintenant à Liffré ! Comme il y a un an, cette manche du championnat aura été la plus fructueuse de la saison pour nos Abeilles, dont la deuxième place du jour leur permet de dépasser Brest pour s’emparer de la troisième place du championnat de Bretagne, loin derrière Liffré, certes, mais un peu plus près de Rennes. De bon augure à quelques semaines de remettre en jeu notre premier titre à Monterfil.
Mais laissons tout de suite la parole à François…
» Allez vite Mathieu, on charge la voiture et on y va ! »
Sur le parking du « rond-point des Châtaigniers », Mathieu sent mon impatience d’en découdre avec les équipes bretonnes. Il lance quand même :
» J’ai le temps d’aller m’acheter un sandwich ? »
L’achat effectué, nous partons rejoindre le reste de l’équipe, déjà présente sur place, à Liffré. Nous nous trompons de route aux environs de Rennes. Et le tournoi commence pour nous dans 15 minutes ! Lorsque Pierre m’appelle, je lui mens un peu sur notre position géographique :
» Oui on arrive sur la sortie de Liffré Pierre ! On arrive, on arrive ! » (Note de Pierre : Enfoiré !)
Je ne veux pas qu’il s’inquiète et que l’équipe stresse à cause de nous. Car aujourd’hui, pas de remplaçant, pas de grosse équipe : en comptant Luc, notre vétéran (toujours là pour nous aider), nous sommes seulement 11 bonshommes, mais avec une très grosse envie de se battre pour récupérer une troisième place à Brest dans le championnat de Bretagne.
Le temps menaçant ne nous inquiète pas plus que ça. Quand j’arrive sur les lieux, l’équipe est détendue, libérée de toute tension…peut-être un peu trop…
Car nous jouons notre premier match contre Liffré. Et nous le savons, leur entame de première mi-temps est toujours très physique. Pierre, qui s’est improvisé coach en l’absence d’Arno (et goal en l’absence d’Erwan et Nico), ne manque pas de le rappeler.
Mais rien n’y fait. Malgré notre motivation, dès les premières minutes de jeu, nous sommes débordés par le volume physique et la très bonne circulation de balle de l’ EGHB (comprenez : Entente Gaélique de Haute-Bretagne). Moi-même je me surprends à être à bout de souffle :
« Les enfoirés, il nous font courir ! » (comprenez : « Respect les gars, vous survolez le match pour l’instant ! »)
Le résultat à la mi-temps est sans appel : nous avons déjà plusieurs buts de retard, et nous avons marqué très peu de points (un seul je crois…) (Note de Pierre : En fait, on perd 14-2 ! On encaissera moins de points en cumulant les scores des 5 mi-temps qui suivront ce départ cahotique…).
L’aspect positif c’est que je sens que nous sommes enfin tous rentrés dans notre match. Quelques changements à la mi-temps : Luc passe en attaque, Guillaume passe gardien, Manu au centre, et Pierre rejoint sa place fétiche de « left corner back » (comprenez arrière gauche).
Durant la deuxième mi-temps, la tendance s’inverse un peu ; nous dominons de manière générale, malgré les incroyables rushs de certains joueurs liffréens. Le problème c’est que nous ne parvenons pas à conclure : plusieurs points nous échappent et nous passons très près de marquer deux buts. La solide assise défensive de l’EGHB nous déstabilise. Et à plusieurs reprises, alors que nous parvenons à prendre un point, nos adversaires nous le reprennent de suite : ça c’est un coup au moral ! Vers la fin du match, après une course (un peu solitaire je l’avoue), je me trouve bien placé sur le côté gauche de la surface du goal adverse ; je n’hésite pas ; je tire entre les poteaux et prends le point. Mais une minute plus tard, Olivier fait de même pour le compte de l’EGHB. Quelle solidité ! Quelle réactivité !
Coup de sifflet final. Je suis content de voir que l’équipe a su réagir en deuxième période, mais je dois avouer que nous avons logiquement perdu (Nantes 0-4 – Liffré 5-6). En passant auprès de Régis, Phil, Clément, et l’ensemble de l’équipe adverse, je constate cependant que les visages sont marqués par la fatigue. Apparemment, ils ont quand même assez mal vécu leur deuxième mi-temps ; plus tard dans la soirée, Phil m’avouera les difficultés qu’ils ont eu à « nous tenir à distance ». Seraient-ils donc physiquement prenables ? Il faudra s’en assurer définitivement à Monterfil…
Ce tournoi marque également le début de ma carrière d’arbitre. En effet, je décide d’arbitrer le match suivant qui oppose Brest à Rennes. Le match, bien que facile à arbitrer, m’a posé quelques difficultés. J’y ai commis quelques erreurs, mais pour une première, ce n’est pas si mal.
Deux points noirs à l’issue de cette rencontre…Premièrement j’ai développé une ampoule au niveau de mon petit orteil gauche durant le match : mes chaussures et mes chaussettes sont mouillées, mes pieds ressemblent à ceux d’un vieillard. Deuxièmement, avec cette victoire contre Rennes, Brest nous condamne à ne pas perdre nos deux autres matchs pour espérer regagner la troisième place au classement général.
Il fallait donc être au niveau pour affronter Brest, et courageux car la pluie commence à inonder le terrain.
Nous entamons notre match comme nous commençons tous nos matchs contre Brest : nous menons, nous créons du jeu, nous les débordons, mais nous ne trouvons pas le cadre. Dans le premier quart-temps, nous sommes toujours à 1 point partout. Mais sur une des actions, Manu dérobe la balle dans les airs à un adversaire, puis me la passe ; je progresse un peu puis la donne à Arnaud qui a du champ libre ; il continue donc à avancer balle en main jusqu’à trouver un adversaire : il est à ce moment-là à une vingtaine de mètres du buts. Très lucidement il a vu l’appel que je lui propose ; quand il me donne la balle, je suis dos au but ; je sens arriver un Brestois dans mon dos ; je pivote sur le côté pour trouver mon pied droit (qui est souvent très gauche !), et je frappe à ras de terre en croisant mon tir. La frappe n’est pas puissante, mais pour une fois bien placée : le portier brestois ne peut rien faire, je viens de marquer mon premier but toutes compétitions confondues, au terme d’une très belle action jouée « à la nantaise ». Tout ce que j’aime ! Je cours, j’exulte ! Nous menons désormais au score et l’équipe se libère enfin. Avant la mi-temps nous rajoutons un point au compteur…
Mi-temps dans les vestiaires. L’équipe est sereine. On me félicite pour mon but. Surtout Arnaud, incapable comme toujours de concéder qu’il est à l’origine de ce but. Moi je suis dans le match, concentré, car je sais que rien n’est fini avant le coup de sifflet final.
Notre deuxième mi-temps est à l’image de la première : nous dominons, nous manquons trop de fois le cadre, mais nous prenons quand même le large. Au cours d’une action sur le côté droit, nous obtenons un coup franc. Arnaud souhaite le tirer, mais je lui réponds que je le sens bien. Connaissant mes médiocres performances à l’entraînement en matière de tir, Arnaud s’assure que je suis en confiance :
« C’est vrai ? Tu le sens bien ? »
« Ouaih t’inquiète… »
Et c’est vrai que je ne me suis jamais senti aussi libéré que durant ce match ! Je me concentre pendant un instant. Je m’élance et frappe ; la balle prend une belle trajectoire en cloche (je sais déjà ce qui en est) et atterri au delà de la ligne de but en plein milieu des poteaux. Lorsque je vais me replacer, j’entends les joueurs de mon équipe qui n‘en reviennent pas :
« T’es en forme aujourd’hui François », lance Jean-Marie.
Peu importe. Le match n’est pas fini. Je m’énerve contre un joueur brestois qui me cravache sur une action. Je ne devrais pas, mais c’est la tension qui fait ça.
Nous tenons bon durant les dernières minutes. Malgré un deuxième point marqué par Brest, nous obtenons la victoire (Nantes 1-4 – Brest 0-2). Julien vient me voir :
« Ca y est ! Tu le tiens ton match « référence » ! »
Je ne reviendrai pas ici sur cette notion de match référence, que je n’ai jamais vraiment compris
e, mais que Juju affectionne particulièrement…Ce qui m’intéresse, c’est qu’on a gagné, et que nous pouvons désormais prendre la deuxième place du tournoi.
Malheureusement, deux matchs nous séparent de notre dernière rencontre. Et pendant, l’attente, on piétine, on se refroidit…et mon ampoule se réveille. J’espère que ça ne me pénalisera pas trop. En mettant un pansement sur mon orteil, je regarde avec admiration l’EHGB dominer sur ses terres, face à Rennes, puis face à Brest. Il finiront premiers du tournoi, et par la même occasion, du championnat. Félicitations à eux !
En face de nous se dresse maintenant une équipe de Rennes incomplète, et dont le bilan jusque-là (deux défaites) nous donne des espérances. Mais lorsque je vois Olivier, Clément et Antoine venir compléter l’effectif rennais, j’avoue que je pâlis un peu. Je n’ai pas envie de voir Liffré bis face à nous.
Peu importe, il nous faut cette victoire, ou éventuellement un nul…L’entame de match est difficile. Nous sommes défensivement en difficulté. Eux aussi. Le combat est très rude. Plusieurs fois nous risquons de prendre un but. Mais Guillaume, toujours aux cages, est impeccable.
A la mi-temps, Rennes mène d’un point seulement. Nous commençons franchement à sentir la fatigue mais nous ne pouvons pas laisser la victoire aux adversaires. C’est ce que je dis à l’équipe, et je suis relayé par chaque joueur. Tout le monde s’encourage, se motive. Le « fighting spirit » irlandais est en nous. Tandis que Manu est passé aux cages, Guillaume revient au centre. De l’autre coté, Olivier a déserté le camp rennais : une raison de plus d’y croire ! Dopé par la fatigue et l’émulation, je ne sens plus mon ampoule. Toutes les conditions sont réunies, alors il faut y croire !
Et notre deuxième mi-temps est épique ! Nous reprenons très vite notre point de retard. Puis nous en rajoutons un au compteur. Nous dominons globalement le jeu et nous ratons plusieurs fois des occasions de buts. Et plusieurs fois nous passons à rien des poteaux. Je crois que tous les joueurs de Nantes ont tenté et raté une occasion…Rennes nous reprend le point d’avance que nous avions. Le match est très tendu. Aucune des deux équipes ne veut lâcher. Lorsque Nantes reprend l’avantage, Rennes remet aussitôt le compteur à zéro. À quelques minutes de la fin, alors qu’il y a 5-5, je suis bien placé face aux buts donc je tente le point. Mais le manque de lucidité me trahit. Pas plus que mes coéquipiers je ne suis capable de marquer.
Coup de sifflet final : Nantes 0-5 – Rennes 0-5.
Un peu d’amertume se lit dans le visage des Nantais, qui ont bien senti que quelque chose était possible. Mais globalement, nous savons que grâce à ce nul, nous nous hissons à la deuxième place du tournoi, synonyme de 3ème place au classement final du championnat de Bretagne. L’objectif est atteint, et c’est bien là l’essentiel.
Sous les douches, l’ambiance est à la fête, sauf pour Arnaud, qui ne peut s’empêcher de s’en vouloir d’avoir manqué un but. Je lui réponds :
« On est tous dans ce cas sur ce match… En plus t’as super bien joué durant tout le tournoi ! »
Je lis sur son visage que ça n’y changera rien, mais je sais aussi que quelques pintes plus tard tout ça sera oublié.
Et en effet, le repas à Liffré se passe très bien. Comme nous attendons pas mal de temps que le buffet soit complètement installé, nous commençons à boire. L’effet est quasi immédiat. L’alcool monte vite, très vite, et Arnaud nous offre le meilleur de sa verbe !
Plus tard, après le départ de Mathieu, Manu, Guillaume et Arnaud, Jean-Marie en a également fait les frais : le pauvre paraissait avoir enchaîné un marathon, 4 tournois de foot gaélique, et trois tours du monde à la voile ! Je passerai ici sur la composition du cocktail explosif qu’il a pris pour en arriver là.
Nous finissons la soirée chez Phil, à boire du très bon whisky et à palabrer jusqu’à pas d’heure. Le premier à tomber fut bien sûr Jean-Marie, mais j’avoue que je n’ai pas fait non plus long feu. Félicitations à Juju qui a sauvé l’honneur de l’équipe !
En sombrant dans le canapé, alors que j’entendais les Liffréens commenter les exploits passés de Régis (leur arrière droit et secrétaire du club), je m’endormais avec le goût délicieux du travail accompli, et l’espoir grandissant de garder notre trophée de Monterfil…
…Je voyais alors défiler des pêles de Brécélien devant moi, jusqu’à l’infini…
– François
N’oubliez pas : vous pouvez admirer quelques magnifiques photos du tournoi (dont les cinq présentées ici) prises par les photographes Véronique Le Velly et Lionel Coste sur le site de Véronique Photographier la Bretagne.